Noël Tshiani Congolity: there are still empty cells at the ICC (Professor Morton Serutabila
Le pays va mal alors très mal et on est pas loin du chaos. Les signaux de ce spectre sont là. Chouchouté lors de sa prise de pouvoir par la communauté nationale et internationale, le président Félix Tshisekedi tombe malheureusement dans les mêmes travers que son prédécesseur. Mauvaise gestion, justice sélective, ivresse du pouvoir, jouissance, ostentation et encore pire pousser ses concurrents à l’exclusion et à la division en brandissant des faux prétextes. La ligne rouge est-elle franchie ? On est tenté de le dire. Même s’il joue au pyromane, le régime Tshisekedi risque d’enflammer le pays avec cette loi Tshiani sur la Congolité. Ailleurs, les stigmates de cette dérive sont vifs dans la mémoire collective. Le cas de la Côte d’Ivoire est plus frappant. Le président de l’Union africaine qui devait prêcher par l’exemple, lui qui devait défendre les valeurs de l’unité, de la cohésion nationale, se laisse malheureusement entraîner dans une spirale aux conséquences néfastes pour le pays. L’exclusion, c’est le contraire des valeurs cardinales que prône l’organisation panafricaine. Son silence à cette proposition discriminatoire et conflictogène est un message pour dire que le président Tshisekedi ne se conforme plus aux principes fondateurs de l’UA. Un danger pour un leader dont le parti a milité plus de trois décennies pour rétablir, une fois au pouvoir, l’égalité et bannir l’injustice.
L’argument de laisser chaque Congolais réfléchir même sur une matière qui met en mal le vivre-ensemble est dangereux. Pour preuve, l’ONU et les États-Unis ont aussitôt dit STOP. Un pays post-conflit ne peut pas se pencher sur de telles considérations identitaires pour s’affirmer comme État. Le refus affiché rapidement par les Etats-Unis à adouber ce projet macabre concocté dans les officines du pouvoir est une sévère mise en garde contre Fatshi. « Tout sauf ça Monsieur le président ». A la tribune des Nations unies, Bintou Keita, la cheffe de la Monusco a prévenu que ce pays post-conflit, qui peine à se stabiliser avec plus de dix milliards de dollars dépensés par la communauté internationale, ne peut pas entrer aussitôt dans un nouvel engrainage de violence. Pour elle, les élections doivent être inclusives, transparentes et apaisées. Un autre avertissement. En plus, l’Eglise catholique s’oppose ouvertement au projet. A Lubumbashi, le cardinal Fridolin Ambongo a prévenu que toute initiative qui divise les Congolais, ne passera pas. Tshisekedi a-t-il intérêt aujourd’hui de se mettre à dos l’Eglise catholique qui s’est battue à l’interne pour obtenir l’alternance démocratique au moment où l’opposition politique notamment l’Udps était totalement essoufflée face au régime Kabila. Il faut savoir lire les signes du temps, car ceux qui s’étaient entêtés, à l’époque, dans des logiques suicidaires, se mordent les doigts aujourd’hui. On connait le poids de l’Eglise catholique dans ce pays. Déjà qu’elle rejette cette loi sur la CENI politiquement boutiquée dont les animateurs auront pour mission de pérenniser le pouvoir du prince.
Le malheur du pouvoir actuel, c’est d’oser lancer un bras de fer avec la communauté internationale au moment où Kinshasa négocie avec les bailleurs internationaux le décaissement de plus d’un milliard de dollars. Les accords signés avec le FMI et la BM risquent d’être appliqués dans une période hypothétiquement trouble. Si le pays bascule dans la violence, la première conséquence sera la suspension, mieux l’annulation des appuis budgétaires par les institutions de Bretton Woods. Très clair. Alors pourquoi vouloir créer inutilement des problèmes alors que le pays est fragile, instable et économiquement faible. Un pays qui vit de la main tendue mais curieusement ses dirigeants peuvent dépenser plus de 25.000 millions de dollars pour offrir des cadeaux aux élus, pourtant considérés comme les fonctionnaires les mieux payés de la République.
Un autre élément sur lequel il faut tenir compte, c’est que Kinshasa n’est pas le Congo. Si le parti au pouvoir peut faire gronder la rue dans la capitale, chaque leader a sa rue où il peut mobiliser, le pays étant véritablement vaste. Les 2.345.000 Km ne se confondent pas à Kinshasa. Patrice-Emery Lumumba a été élu sans avoir eu un seul représentant à Kinshasa, moins encore au Kongo central. Donc, si Kinshasa bouge, les autres villes bougeront aussi au risque de créer l’anarchie et le chaos. Et le tout va retomber sur la tête du chef et non de ses mauvais conseillers qui l’induisent en erreur matin, midi et soir. La donne politico-géographique aujourd’hui avec des leaders de l’Est bannis (Matata, Kamerhe, Kabila et bientôt Katumbi) doit faire réfléchir le sérail de Tshisekedi sur sa réélection. L’effet recherché peut produire le résultat contraire. Le camouflet de Shadary, le candidat de Kabila en 2018 est une indication. Attention à la convergence d’intérêts communs entre les leaders de l’Est et ceux de l’Ouest. Écarter Katumbi pour penser challenger uniquement avec Fayulu et Muzito, suppose que celui qui a été mordu par le serpent, ne peut pas accepter de se faire mordre deux fois. La menace est à prendre au sérieux. Sinon, on se retrouvera dans un schéma de « un contre tous » où il sera difficile au président actuel et à son parti de sortir la tête de l’eau.
Un autre phénomène qu’il faut craindre, c’est le rassemblement de tous les Katangais. Mettre à l’écart Katumbi et Kabila aura comme conséquence directe, le regroupement de tous les Katangais, toutes tendances confondues, dans un seul bloc. Les deux vont se replier avec les autres leaders de l’Est pour se défendre contre cette vague dévastatrice. Méfiez-vous de la coalition Kabila, Katumbi, Kamerhe, Thambwe, Matata et Mbusa. Devant cette orage, Sama Lukonde, Danny Banza et le patriarche Kyungu Wa Kumwanza ne sauront rien faire. Grave, pour se maintenir à tout prix au pouvoir, le régime Udps procède par cette chasse préméditée et organisée contre les hommes importants de l’Est du pays. Il faut éviter ça « Monsieur le président ». On se crée pas les ennemis politiques tous les jours.
Que le président Félix ne se fasse pas d’illusions. Les accords signés avec Museveni et Kagame ne vont pas développer son pays. Les deux pays (Ouganda et Rwanda) sont intéressés plus par le commerce transfrontalier et l’importation des richesses du Congo que de bâtir des relations solides pour un futur meilleur de la région. Si le pays bascule dans la violence avec cette loi sur la Congolité, les cellules de la CPI seront grandement ouvertes pour les auteurs et commanditaires. Avec la libération des chambres VIP à La Haye (la plupart des pensionnaires étant acquittés), les juges cherchent désormais à caser des nouveaux clients. Et la RDC étant un beau réservoir de la CPI, la juridiction internationale ne s’empêchera pas d’y puiser encore.
Un constat indignant. Les anciennes oppositions africaines ont déçu. Partout où les partis au pouvoir ont lutté longtemps dans l’opposition, déçoivent une fois aux commandes du pays. L’exception est à compter au bout de doigts. Raison de plus de ne plus faire connfiance aux oppositions de longue date. Alpha Konde, Ouattara et Talon sont les pitoyables exemples de cette dérive. Quand ils arrivent au pouvoir, ces partis croulant de l’âge à l’opposition, oublient les valeurs de base du combat pour lequelles ils se sont battus. La fameuse vidéo « pasi nanga, pasi na yo. Pasi na bino, bisengo na bino » en dit long.
Les jours à venir nous réservent pas mal de surprises
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